mai 13, 2024

La politique étrangère de l’Afrique du Sud dans l’impasse

Le pays se trouve dans une situation délicate dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes.

Cette année restera dans les annales de l’histoire comme celle où la nation d’Afrique australe a été confrontée au plus grand dilemme dans la gestion de sa politique étrangère.

Le prochain sommet du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud (BRICS) exacerbe le dilemme de l’Afrique du Sud, car il précède d’autres sommets visant à stimuler les relations avec les États-Unis et l’Europe, qui sont les ennemis de certains alliés au sein des BRICS.

La politique de non-alignement de l’Afrique du Sud, qui, selon les critiques, n’est authentique que sur le papier, est soumise à un test décisif.

Le sommet des BRICS est prévu de mardi à jeudi à Johannesburg et si l’on en croit le discours du président Cyril Ramaphosa à la nation avant le sommet des BRICS, son gouvernement est confronté à la tâche éreintante de jongler avec sa politique étrangère.

Il s’agit d’un dilemme, alors que les dirigeants des BRICS et leurs homologues africains désireux de rejoindre le bloc convergent à Johannesburg.

D’une part, l’Afrique du Sud doit rétablir des relations régulièrement glaciales avec certains membres de l’Union africaine (UA), maintenir les relations entre le continent et l’Asie, entretenir des liens continentaux avec l’Amérique et renforcer les relations avec l’Europe.

Ramaphosa, dans son discours à la nation avant le sommet des BRICS, a en quelque sorte éclairé par inadvertance l’énigme de l’Afrique du Sud.

En marge du Sommet des BRICS, l’Afrique du Sud invite plus de 30 ministres africains du commerce et de hauts représentants de l’administration américaine et du Congrès au prochain forum de l’AGOA (African Growth and Opportunity Act) prévu en novembre de cette année.

Les Etats-Unis et certains pays des BRICS, dont l’Afrique du Sud, subissent des retombées, aggravées par la guerre russo-ukrainienne qui s’est intensifiée en 2022. Les États-Unis ont accusé l’Afrique du Sud de fournir des armes à la Russie.

L’Afrique du Sud subit des pressions de la part du monde occidental pour dénoncer la Russie, mais elle est restée fidèle à ses principes de non-alignement, sauf qu’elle a cédé aux pressions qui ont abouti à l’absence du président russe, Vladimir Poutine, au sommet de cette semaine.

Cette décision fait suite à un mandat d’arrêt délivré par la Cour pénale internationale (CPI) dans le cadre de la guerre avec l’Ukraine.

Cette année encore, l’Afrique du Sud accueillera le sommet Union européenne-Afrique du Sud.

Selon M. Ramaphosa, ce sommet devrait favoriser les investissements et les relations commerciales de l’Afrique du Sud.

Dans l’ensemble, M. Ramaphosa a déclaré que l’Afrique du Sud plaidait en faveur d’une gouvernance mondiale ouverte et fondée sur des règles, ainsi que d’un système commercial, financier et d’investissement.

« Il doit s’agir d’un système qui ne dépend pas de l’exercice du pouvoir ou de l’unilatéralisme, mais de la promotion des intérêts des peuples du monde », a-t-il déclaré.

M. Ramaphosa a déclaré qu’en dépit de tous ces défis, l’Afrique restait au centre de la politique étrangère de son pays.

« Nous sommes fermement déterminés à renforcer l’Union africaine afin qu’elle accroisse sa capacité à soutenir la réalisation d’une plus grande intégration sur le continent.

M. Ramaphosa a souligné que les aspirations de l’Afrique dépendaient de la paix et de la stabilité.

« Pour que l’Afrique prospère, nous devons faire taire les armes », a-t-il déclaré.

Ce mantra a subi des revers avec une série de coups d’État dans le bloc occidental.

L’Afrique du Sud est directement impliquée dans un certain nombre d’efforts de rétablissement de la paix, y compris des missions en République démocratique du Congo (RDC) et au Mozambique.

L’Alliance démocratique (DA), principal parti d’opposition, critique toutefois la politique étrangère du gouvernement de M. Ramaphosa, dirigé par le Congrès national africain (ANC).

L’opposition a accusé le président Ramaphosa, alors qu’il était président de l’Union africaine, de ne pas avoir pris de mesures significatives pour promouvoir les droits de l’homme et l’État de droit sur le continent.

Le parti a accusé le gouvernement de fermer les yeux sur des allégations de manipulation électorale au Zimbabwe voisin et de refuser de condamner l’adoption récente de lois anti-LGBTQI+ en Ouganda.

« Peu a été fait pour offrir des solutions aux conflits violents en cours dans des pays tels que le Soudan et récemment le Niger », a déclaré Emma Louise Powell, ministre fantôme des relations internationales et de la coopération de la DA.

La DA a accusé M. Ramaphosa d’ignorer les violations des droits de l’homme commises par les États membres des BRICS à l’encontre des minorités ethniques et religieuses.

« L’approbation de l’expansion des BRICS par le gouvernement dirigé par l’ANC manque encore de transparence dans les critères d’évaluation », a déclaré M. Powell.

« La disparité frappante entre les valeurs constitutionnelles chères à l’Afrique du Sud et le soutien du pays à l’adhésion aux BRICS de nations telles que l’Arabie saoudite, l’Iran, Cuba et la Biélorussie est un rappel troublant d’un navire sans gouvernail à la dérive dans une mer houleuse.

Powell a également dénoncé les alliances de l’Afrique du Sud avec l’Iran et la Syrie.

« Alors que le sommet des BRICS se déroule, tous les Sud-Africains doivent maintenant demander à nos dirigeants de définir pour nous le type de monde qu’ils souhaitent façonner, en veillant à ce que cette vision soit conforme à nos valeurs démocratiques en tant que nation », a-t-elle ajouté.

Cependant, de nombreuses personnes en Afrique, en Asie et en Afrique latine estiment que les droits de l’homme, les violations de la démocratie et de l’État de droit par l’Occident n’ont pas été évoqués lors d’événements internationaux dans le but de présenter les pays occidentaux comme les champions des droits de l’homme.

Les États-Unis sont largement accusés de renverser la plupart des présidents démocratiquement élus dans les pays voisins d’Amérique du Sud, d’Afrique, d’Asie et d’ailleurs.